Reconnecter les agriculteurs aux citoyens
- gkiliko

- 3 nov.
- 4 min de lecture
Établir une connexion entre le producteur et le consommateur, c’est ce que le marché de solidarité régionale de l’Estrie fera cet automne! Inviter les agriculteurs à parler de leurs produits tout en amenant un esprit de convivialité est un moment fort attendu par l’organisme à but non lucratif de Sherbrooke. Parce que savoir non seulement la provenance, mais aussi les pratiques liées aux produits que l’on achète interpellent de plus en plus les citoyens.

L’occasion parfaite s’est présentée. Le commerce situé dans le même établissement que le marché de solidarité régionale de l’Estrie -Melrose, Salon de Barbier-, déménagera dans de nouveaux locaux à la fin de l’été. En septembre, le bail sera repris par le marché. « Cet été, on travaille sur le réaménagement, la façon de réorganiser tout ça. », souligne Bryan Teasdale, président du conseil d’administration des AmiEs de la terre de l’Estrie.
Quand agriculteurs et citoyens se rencontrent…
Aller à la rencontre du fermier qui nous nourrit, c’est connaître les valeurs qui l’habitent. Oui, il y a la qualité nettement supérieure des aliments, mais aussi une vision que l’on partage : respecter notre terre et faire en sorte qu’elle puisse être bénéfique pour notre santé et celle de nos enfants.
Quand un agriculteur nous ouvre ses terres en toute transparence, nous pouvons savoir, apprendre et développer une confiance envers les produits que nous achetons. De simples échanges ouvrent tout un monde dans notre compréhension de l’agriculture et dans ce long chemin qu’il prend avant que les aliments atterrissent dans nos assiettes.
« Il y a des gens qui ont faim, il y a des producteurs qui ont de la difficulté à vendre leurs produits. La réalité économique actuelle n’est pas soutenable avec les changements climatiques. Produire va devenir de plus en plus difficile. On veut donner un coup de main additionnel aux producteurs et offrir un espace pour que les citoyens viennent à leur rencontre. », mentionne Monsieur Teasdale.
Des critères de sélection établis par un comité
Le marché de solidarité comprend en majorité des producteurs d’agriculture biologique, mais certains d’entre eux peuvent ne pas avoir leurs certifications. D’autres peuvent aussi faire de l’agriculture conventionnelle.
« Nous avons bâti une liste de critères qu’ils doivent rencontrer. Une coordonnatrice est mandatée, effectue un sondage et se rend sur les lieux. Suite à ça, le dossier est soumis au comité du marché et il y a un processus de sélection. », dit-il.
Les producteurs estriens sous un même toit
La singularité du marché régionale : le rassemblement de plusieurs producteurs estriens situés dans un rayon de plus ou moins 30 à 40 km de la ville de Sherbrooke rassemblés à la même adresse. Une plate-forme en ligne, où les abonnés ont la possibilité de commander les fruits et légumes et ce, quand ils le souhaitent, dans un cycle de commande aux 5 jours. Les abonnés ne sont pas tenus d’acheter chaque semaine et peuvent choisir leurs produits.
90% des produits proviennent de la région de l’Estrie. Pour ce qui est du 10% restant, ce sont en majorité des poissons et fruits de mer de la Gaspésie, mais aussi du chocolat en commerce équitable (Umano), des noix, etc.
André Nault : la muse de la philosophie du marché
Le marché de solidarité régionale de l’Estrie est un projet découlant du groupe environnemental « Les amis de la terre ». Ce groupe a été fondé en 1986, et, à la base, faisait la promotion des bonnes habitudes environnementales. Mais aussi, il mettait en relief le changement de paradigme nécessaire dans notre société.
André Nault, ex-président des Amis de la terre de l’Estrie et fondateur, s’intéressait particulièrement aux OGM (organismes génétiquement modifiés), à leurs impacts dans notre société. Malgré ce que l’industrie semblait nous laisser croire- voire, que les OGM n’avaient pas de répercussions sur la santé-, les études indépendantes démontraient le contraire.
C’est là que tout a commencé à germer. Créer un endroit, rassembler des produits dont on a la certitude qu’ils ne contiennent aucun OGM.
« Tu vas à l’épicerie, tu n’as aucune idée des pratiques de la ferme d’où proviennent les fruits et les légumes. Oui, c’est peut-être moins cher parfois, mais ils doivent couper quelque part. Et on ne sait pas où ils coupent. Respectent-t-ils leurs travailleurs, l’environnement, les communautés environnantes? Ici, on sait. »
Se nourrir local 12 mois par année
C’est une question que j’ai posé au président. Est-ce possible?
« Absolument, il faut adapter son alimentation. Si on pense qu’on peut consommer comme si on allait à l’épicerie tout le temps, des ananas, les bananes, etc, alors non! C’est rendu la nouvelle norme : il faut que tout soit disponible tout le temps. Il faut un peu penser à la façon dont les gens s’alimentaient par le passé. Les légumes d’hiver peuvent être conservés tout l’hiver, les petits fruits peuvent être congelés, etc. »
Il y a présentement environ 800 membres au marché. Une équipe de bénévoles dévouée prépare les commandes chaque semaine. Sans eux, rien de possible. C’est une formule qui fonctionne toujours après plus de 20 ans d’existence.
« Il serait intéressant d’approcher les traiteurs et les restaurateurs. Notre force réside dans notre grande diversité de produits locaux à la même place. »
Espérons que de tels partenariats voient le jour pour le marché de solidarité régionale de l’Estrie, et qu’il puisse faire naître ou renaître, également, des échanges plus étroits avec les citoyens et les agriculteurs de notre région!

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